En cas de diabète, la sexualité peut être impactée de diverses façons. Or, chez l’homme comme chez la femme, une vie sexuelle épanouie fait partie intégrante de la qualité de vie.
Mais pourquoi le diabète entraîne-t-il parfois des troubles sexuels ? Et comment résoudre des difficultés qui pourraient survenir ? Explications dans cet article.
En quoi le diabète affecte-t-il la sexualité ?
Le diabète et ses complications peuvent avoir une incidence sur la sexualité des hommes comme des femmes. Sur le long terme, un déséquilibre glycémique affecte en effet les nerfs, les vaisseaux sanguins, la bonne circulation du sang… Des paramètres qui jouent un rôle dans les mécanismes sexuels. Le diabète intensifie également la sensibilité aux infections.
Par ailleurs, si le diabète s’accompagne d’un état plus ou moins dépressif, de troubles de l’humeur ou d’angoisses liées à la gestion de la maladie, il peut aussi entraîner un mal-être et une dévalorisation de soi et ce faisant, se traduire par une baisse de la libido et du plaisir sexuel.
L’impact du diabète sur la sexualité masculine
Le diabète a parfois un retentissement sur la sexualité masculine : il a été démontré qu’il peut générer une dysfonction érectile, des difficultés à maintenir l’érection ou encore des problèmes d’éjaculation.
Le déclenchement de l’érection dépend de trois mécanismes :
- un mécanisme neuro-endocrinien, car le désir sexuel provient de la sécrétion de testostérone,
- un mécanisme vasculaire car l’afflux de sang est nécessaire dans les artères du pénis,
- un mécanisme neurologique car l’érection dépend de la stimulation de certains nerfs.
Lorsqu’un homme vit avec un diabète, ces trois mécanismes sont touchés.
La première raison, c’est que les hyperglycémies à répétition nuisent directement aux mécanismes de l’érection. En effet, elles fragilisent les vaisseaux sanguins et les nerfs indispensables pour amener une quantité suffisante de sang dans le pénis. Si des complications cardiovasculaires ou neuropathiques surviennent, les artères du pénis peuvent donc être obstruées et les nerfs du pénis endommagés. Or, une bonne érection nécessite une arrivée correcte de sang mais aussi le maintien du sang dans le pénis jusqu’à l’éjaculation. Il a également été constaté que l’hyperglycémie peut faire chuter le taux de testostérone.
D’autre part, dans le cas d’une neuropathie diabétique sévère, le réflexe éjaculateur peut être aboli. Il en résulte que le sperme est déversé dans la vessie plutôt que dans l’urètre (éjaculation rétrograde). Cette situation est problématique car elle touche directement la fécondité de l’homme.
Par ailleurs, de nombreux médicaments prescrits aux patients qui vivent avec un diabète, comme certains médicaments contre l’hypertension, peuvent provoquer des troubles de l’érection.
Enfin, il ne faut pas oublier l’aspect psychologique de la dysfonction érectile. Le diabète, maladie chronique qui demande une révision de son style de vie, n’est pas toujours facile à vivre. La dysfonction érectile peut se nourrir du sentiment de dévalorisation qui touche certains patients.
L’impact du diabète sur la sexualité féminine
Les conséquences du diabète sur la sexualité féminine ne sont étudiées que depuis quelques années. Il semblerait qu’il puisse entraîner une sécheresse vaginale susceptible de perturber le désir et d’augmenter le risque d’inconfort ou de douleur lors de la pénétration, mais aussi de réduire la capacité à atteindre l’orgasme.
Le diabète favorise également les infections urinaires et les mycoses vaginales (champignons). Il réclame donc de surveiller un peu plus attentivement l'apparition de mycoses au niveau du sexe. Celles-ci se manifestent principalement par des démangeaisons et des rougeurs. Elles disparaissent d’autant plus facilement qu’elles sont traitées tôt par le ou la médecin.
Les causes des troubles sexuels féminins n’ont pas encore été déterminées avec certitude. On évoque le diabète lui-même, mais aussi et surtout des facteurs d’ordre psychologiques pouvant perturber le désir sexuel. Chez la femme, ce serait donc principalement le manque d’estime de soi, une mauvaise image de son propre corps et/ou la qualité de la relation avec la partenaire qui impacterait la libido. Notons que le surpoids, fréquemment lié au diabète, serait aussi, chez les femmes, un facteur important de troubles sexuels.
Comment prévenir et traiter les troubles de la sexualité ?
Votre vie sexuelle n’est pas à prendre à la légère. Trop souvent, les troubles d’ordre sexuel sont minimisés. C’est un tort, car ils dégradent la qualité de vie et l’estime de soi. Sans dramatiser, il convient d’en parler avec un(e) professionnel(le) de santé pour trouver les solutions adaptées.
Une quantité de traitements existent pour répondre aux différentes situations rencontrées, occasionnelles ou permanentes. La première personne à qui en parler est votre médecin traitant qui vous orientera vers le ou la spécialiste approprié(e) : gynécologue, andrologue, urologue ou sexologue. Une psychothérapie est également souvent bénéfique pour qui veut faire le point sur sa sexualité.
Il n’en reste pas moins que le premier et le meilleur traitement est de maintenir un équilibre glycémique optimal. À compléter par le maintien d’un bon niveau de tension artérielle, de cholestérol… et l’arrêt du tabac si ce n’est pas encore fait ! Grâce à cela, il est possible de diminuer l’impact du diabète sur les mécanismes sexuels, notamment ceux menant à l’érection. L’amélioration de l’équilibre glycémique renforce aussi la maîtrise de son corps et garantit un sentiment de confiance nécessaire au désir sexuel.
Sources :
Pr Michel Pinget, directeur du Centre Européen d’Etude du Diabète.
Direction médicale de Dinno santé.