Le diabète est l’une des maladies les plus anciennes. Il y a un siècle, une découverte a changé la vie de millions de personnes. L’histoire de l’insuline, de sa découverte jusqu’à nos jours, est jalonnée de succès et d’avancées majeures pour la santé des personnes diabétiques.
Une maladie sans espoir de survie…
D’après le dictionnaire Larousse, le mot diabète vient du grec diabêtês : passer à travers. Pour certain, c’est le reflet d’un des symptômes représentatifs de la maladie : le besoin fréquent d’uriner. Si l’on trouve des textes évoquant le diabète dès la Grèce Antique, la découverte de son traitement, l’insuline, n’a eu lieu qu’au XXe siècle ! Difficile d’y croire, mais avant cela, les personnes diabétiques n’avaient que la mise en place d’une diète sévère comme option de traitement. Cette diète très hypocalorique (450 Kcal), à base de protéines et ne contenant presque pas de glucides, est connue sous le nom du “jeûne de Allen” (de Frederick Allen), ou “diète de survie”. Toutefois, ce régime “excessif” ne permettait aux personnes diabétiques de ne gagner que quelques mois ou années de survie post-diagnostic…
Les débuts de l’insuline
Avec la découverte de l’insuline, iI y a 100 ans cette année, la recherche sur le diabète a pris son plus grand virage. Mais, il a fallu au préalable de nombreuses années d’exploration, et une succession de découvertes scientifiques pour mettre au jour cette hormone sécrétée par le pancréas. Frederick Grant Banting, un chirurgien canadien, en collaboration avec Charles Best, et le soutien de John Macleod puis de James Collip, ont émis une hypothèse qui a changé à tout jamais la vie des personnes diabétiques. Ils ont en effet supposé une fonction régulatrice du pancréas par la production d’une hormone spécifique. En 1921, ils réussissent à isoler puis à administrer cet élément mystérieux issu des îlots du pancréas : l’insuline. Un an plus tard, le 11 janvier 1922, Leonard Thompson, 14 ans, devient le premier enfant diabétique de type 1 traité par insuline. Une découverte qui vaudra au duo Banting et Macleod, de recevoir le prix Nobel de physiologie (ou médecine) en 1923.
De l’insuline animale au génie génétique
Les premières insulines étaient issues des pancréas de bœuf ou de porc qui sont très proches de l’insuline humaine. La production d’insuline animale en quantité industrielle est donc lancée en 1923. Les objectifs des chercheurs sont alors de purifier le produit à la fois pour le rendre plus efficace mais également pour éviter certaines réactions allergiques. En 1935, Hans ChristianHagedorn ajoute de la protamine qui, combinée à l’effet retard du zinc, est à l’origine de la première insuline lente ! Cette nouvelle insuline est nommée IPZ pour Insuline Protamine Zinc. Onze ans plus tard, des chercheurs danois ont mis au point une insuline au PH neutre d’action intermédiaire : la « Neutral Protamine Hagedorn » ou NPH, toujours utilisée aujourd’hui. Ce n’est qu’en 1955 que Frederick Sanger, un biochimiste anglais, décrit précisément la structure chimique de la molécule d’insuline, mettant en lumière les différences entre l’insuline humaine et l’insuline d’origine animale. Cette dernière découverte lancera la production d’insuline de synthèse à travers le monde. Les laboratoires Eli Lilly réussissent pour la première fois, en 1978, le clonage du gène humain de l’insuline. Cette étape fondamentale va ainsi ouvrir la voie à la fabrication d’insuline par génie génétique. La production industrielle d’insuline humaine devient alors possible, une révolution ! C’est également dans les années 80 que la première pompe à insuline a été mise au point.
Le nouveau virage de la révolution technologique
Depuis, l’évolution des traitements a été fulgurante avec la création de nouvelles insulines, les analogues, présentant des vitesses (rapides, intermédiaires ou lentes) et des durées d’action et de concentration différentes afin de pouvoir adapter au mieux le traitement. Et, dans le diabète de type 2, il existe plusieurs sortes de traitements médicamenteux (ou antidiabétiques oraux - ADO) qui ont un mode d’action différent :
- Les insulino-sécréteurs qui amènent le pancréas à sécréter de l’insuline.
- Les insulino-sensibilisateurs qui favorisent l’action de l’insuline.
En moins d’un siècle, des progrès considérables ont été réalisés, notamment au niveau technologique, avec le développement d’outils de mesure en continu du glucose de système de pancréas artificiel rendant l’insulinothérapie moins contraignante pour les personnes diabétiques. Et, les progrès dans ce domaine ne sont pas prêts de s’arrêter puisqu’en 2021, la boucle fermée hybride et la greffe d’îlots de Langerhans tiennent le haut de l’affiche avec des résultats plus que prometteurs ! À suivre…