Mal connu mais à surveiller de près, la “diabétoporose” altère la qualité des os des patients diabétiques et les expose à des risques élevés de fractures prématurées. Une surveillance accrue couplée à une prévention active s’impose pour les patients les plus à risque, en particulier dans le diabète de type 1. Le point sur le sujet avec le Pr Julien Paccou, rhumatologue, au CHU de Lille.
Qu’est-ce que la “diabétoporose” et quelle différence avec l'ostéoporose ?
L'ostéoporose entraîne une perte de masse osseuse et une altération de la qualité des os, augmentant le risque de fractures. Elle survient généralement chez les femmes ménopausées (en carence d’œstrogènes) et parfois chez les hommes, mais aussi en cas de prise de traitements à base de corticoïdes au long cours (ostéoporose cortico-induite).
La “diabétoporose” est une forme d’ostéoporose consécutive au diabète, aux manifestations souvent plus précoces et dont les principaux facteurs de risque sont liés :
- à la durée de la maladie ;
- à un mauvais contrôle de la glycémie ;
- à la survenue de complications microvasculaires (rétinopathie, neuropathie, néphropathie…) ou macrovasculaires (évènement cardiovasculaire, accident vasculaire cérébral - AVC).
On sait aujourd’hui que l’hyperglycémie chronique entraîne une accumulation de certaines protéines au niveau du tissu osseux qui provoque une altération de sa qualité. Les atteintes vasculaires sont souvent associées au diabète, et semblent aussi jouer un rôle néfaste sur le système vasculaire du tissu osseux. Les patients ayant des diabètes anciens, sévères ou compliqués, sont donc à surveiller pour prévenir efficacement les risques de fractures.
Les diabétiques de type 1 (DT1) sont-ils plus à risque ?
Si le diabète, en général, peut altérer la qualité des os, le diabète de type 1 en particulier peut également engendrer une diminution de la masse osseuse. En effet, lorsque la maladie survient tôt, elle peut, au moment de l’adolescence, gêner la croissance optimale des os et les empêcher d’atteindre ce qu’on appelle le “Pic de masse osseuse” qui constitue le capital osseux de chaque individu diminuant de manière inéluctable dès l’âge de 40 ans en lien avec le vieillissement. Aussi, si ce pic de masse osseuse n’est pas atteint en fin de croissance, les risques de fractures prématurées sont plus élevés.
Comment prévenir ces risques de fractures ?
La prévention active vaut pour tous et permet de diminuer considérablement les risques :
- Veiller à équilibrer son diabète, optimiser le temps dans la cible et maintenir des taux bas d’HbA1c ;
- Éliminer les facteurs de risque associés : tabac, alcool ;
- Équilibrer ses apports en calcium : 1 à 1,2 g par jour, soit 2 à 3 produits laitiers, et boire des eaux riches en calcium ;
- Ajuster ses apports en vitamine D et vérifier avec son médecin traitant si une supplémentation est nécessaire ;
- Pratiquer régulièrement une activité physique dite “en charge” (marche, danse, course…) qui suppose que les pieds et jambes soutiennent le poids du corps, pour stimuler le renouvellement du tissu osseux, entretenir la musculature et la stabilité du corps pour éviter les chutes.
Enfin, en cas d’antécédents familiaux d’ostéoporose, d’antécédents de fractures survenues lors d’une chute à hauteur d’homme, de diabète mal équilibré ou de complications vasculaires associées, il ne faut pas hésiter à consulter un rhumatologue pour effectuer un bilan préventif ou engager un traitement si celui-ci est nécessaire.
Pour compléter cet article, retrouvez les conseils d’une diététicienne pour mettre à l’honneur les produits laitiers dans votre alimentation.